Après les Autolib’, les vélib’, les scooters électroniques, ce sont maintenant les trottinettes connectées qui font leurs apparitions dans les grandes villes.
Écologique, pratique, amusante, la trottinette électronique révolutionne nos habitudes de déplacement. Depuis plusieurs mois, tu peux les croiser dans les rues des grandes villes de France. Ne t’es-tu jamais demandé comment ces trottinettes avaient toujours de la batterie le matin ? Non, ne t’inquiète pas, la batterie lunaire n’existe pas encore.
Ainsi apparaît le métier de « Juicer », ces chasseurs de nuit « ubérisés » à la recherche de la moindre trottinette électronique à recharger de 21H à 7H du matin.
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Le métier de « Juicer » : un traqueur de trottinettes connectées
Le « Juicer », néo-chasseur de trésor en réalité augmenté a délaissé les Pokémons mignons certes, mais non lucratifs, pour ces chères deux roues ayant envahies nos rues ces derniers mois.
Son but ? Trouver les perles rares totalement déchargées pour remplir ses poches.
Lancées en 2017 aux états-unis, les salariés des start-ups de trottinettes électroniques, Lime ou encore Bird, créée par un ancien d’Uber et de Lyft, devinrent les premiers « chargeurs ».
Le marché étant ultra-florissant, ces trottinettes connectées traversèrent l’océan pour élire domicile en France en 2018.
Plus récemment, Bold via la plateforme VTC Txfy et Wind ont rejoint les rangs du marché.
Et puisque nous sommes de plus en plus nombreux à utiliser ces trottinettes soigneusement chargées dès le matin près de chez nous, les besoins en main d’œuvre ont augmentés, nécessitant le recrutement massif de « juicers » particuliers. Une liste d’attente a même dû être créée à cause du nombre croissant de candidatures !
Une trottinette rapporte entre 5 et 15 euros en fonctions de sa difficulté d’accessibilité. De quoi donner l’envie à plusieurs chasseurs en herbe de se lancer dans la récupération, en moyenne, d’une dizaine par nuit.
Un « Juicer» gagne environ 500 à 600 € net par mois pour 12 H à 15 H par semaine, mais étant payé à la performance, il pourrait atteindre des sommes bien plus importantes comme 1000 €.
Question de stratégie, et d’envie naturellement.
Comment devient-on « Juicer » ?
Si après ces lignes tu te sens de braver la nuit et rejoindre le rang des « chargeurs », voici comment faire :
Un statut auto-entrepreneur, tu créeras
Au même titre que les chauffeurs Uber, les "Juicers" sont indépendants, nécessitant d’avoir un statut d’auto-entrepreneur et sont rémunérés sur facture.
Un camion, tu auras
A noter, que le « Juicer » doit être véhiculé pour transporter les trottinettes, idéalement avec une grande voiture, un pick up ou un camion. En effet, une trottinette pesant environ 11 Kg, à moins d’être un body-buider de renom, il est difficile d’en porter plusieurs à la fois. A noter, que les frais d’essence et kilométriques sont à la charge du Juicer.
Mobile-connecté, tu seras
Certaines trottinettes sont difficiles à récupérer, puisque plusieurs personnes les ramènent chez eux. C’est pourquoi, le « Juicer » est aiguillé grâce aux applications mobiles pour identifier la situation de la trottinette :
- vert, le véhicule se trouve dans la rue ;
- jaune, le véhicule se trouve dans une cour d’immeuble ;
- rouge, le véhicule est dans un endroit privatisé difficile d’accès, voire dangereux.
Travailler de nuit, tu devras
Un « Juicer » commence le travail à 21 H, l’heure à laquelle la plupart des utilisateurs des trottinettes électroniques, rentrent chez eux.
En moins de deux heures, il faut récupérer le plus de trottinettes possibles afin de s’assurer du bon état des véhicules et signaler au besoin si la trottinette est cassée, défectueuse ou si une pièce est manquante. Ensuite, il a pour rôle de recharger leur batterie.
La dernière mission du « Juicer » est de reposer les véhicules avant 7h dans les lieux mentionnés par l’application de la start-up, parfois par deux ou trois au même endroit.
« Juicer » : Est-ce vraiment si avantageux ?
Jouir du statut d’entrepreneur sans les inconvénients
Devenir « Juicer » ne nécessite pas de formation spécifique et bénéficie des avantages du statut d’indépendant : autonomie, flexibilité, liberté, choix de salaire… mais sans les inconvénients. Il n’y a pas d’engagement de la part du travailleur, qui peut exercer l’activité selon ses besoins et ses disponibilités.
Oui mais …
La rémunération du « Juicer » dépend de son activité. S’il ne travaille pas, il ne bénéficie pas de revenu. De plus, de par son statut d’auto-entrepreneur, il se doit de payer 22 % de charges sur chacune de ses factures. A ceci s’ajoute l’absence de bénéfices liés au salariat tels que congés payés, statuts, droits sociaux, ou encore protection des travailleurs…
De plus, la sécurité du « Juicer » est encore floue. Le port du casque n’est pas obligatoire même s’il est fortement conseillé aux « Juicers ». Une des start-up propose même de venir récupérer son casque… à San Francisco… ET c’est sans compter aussi le respect du code de la route et de faire preuve de prudence sur les trottoirs, auprès des piétons. (Mais bon, ça tu le fais avec ou sans trottinettes, n’est-ce pas ?)
De plus, le stationnement anarchique des trottinettes peut-être une source de danger par les passants.
La loi du Job-Game
Comme dit précédemment, « Juicer » c’est avant tout une chasse, et de part ses nombreux recrutements, les proies deviennent très convoitées. Malgré une communication amicale entre la plupart des « Juicers », certains ne voient pas cette compétition du même œil. Ainsi, il faut être encore plus rapide ou malin pour rentabiliser sa nuit.
En parallèle, le « Juicer » a une obligation de résultat à partir du moment où il a débuté une mission, sans quoi il peut être sanctionné. Par exemple, si les trottinettes sont déposées après 7 H, la rémunération en pâti. Pire encore, la révocation du statut de « Juicer » peut être enclenchée.Au moins, on ne s’ennuie pas.
Cependant, Suite aux nombres florissants de trottinettes dans nos rues, la Municipalité de Paris va réguler leur stationnement en créant des marquages au sol sur des emplacements spécifiques. De quoi, peut-être limiter les chasseurs à moins de trottinettes que prévues par nuit.
De plus, actuellement tolérées sur les trottoirs à partir du moment où elles ne gênent pas la circulation des piétons ; la Mairie pourrait verbaliser à hauteur de 315 € ou de mettre la trottinette à la fourrière si la sécurité n’était pas respectée.
On ne pense pas que le métier de « Juicer » soit un remède au chômage, un élixir contre tes angoisses, une voix d’avenir.
Néanmoins si tu souhaites arrondir tes fins de mois, en attendant de trouver l’emploi de tes rêves, voilà un métier aussi insolite que ludique.
Refs : Le Parisien - Numerama - Les Echos
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