Les critères de recrutement ont évolué, valorisant désormais les soft skills tout autant que les compétences techniques. Les raisons de ce chamboulement sont multiples : d’une part, le diplôme qui ne suffit plus pour assurer la réussite du candidat sur le poste en question ; d’autre part, la durée de vie toujours plus courte des compétences techniques. S’ajoutent à cela les enjeux de rétention et de fidélisation des talents, qui impliquent d’être en phase avec les valeurs de l’entreprise. Dans ce terrain de jeu de plus en plus complexe, la personnalité et les qualités comportementales sont devenues des points d’attention majeurs pour les recruteurs. Comment les identifier ? Les évaluer ? En quoi sont-elles devenues si essentielles ? Décryptage.
1. Les soft skills, kesako ?
Les soft skills désignent les “compétences comportementales” liées à la personnalité et au savoir-être d’une personne. Plus qu’un simple trait de caractère, il s’agit d’aptitudes qui vont permettre à un individu de s’adapter et d’interagir avec son environnement professionnel. Parce qu’elles relèvent du savoir-être, elles sont déterminantes pour la bonne intégration et l’épanouissement d’un collaborateur.
Qu’il s’agisse de créativité, d’esprit d’équipe, d’intelligence émotionnelle ou encore de leadership, elles viennent compléter les compétences techniques, les fameuses “hard skills”. Elles favorisent de meilleures performances et l’adéquation entre un collaborateur et son entreprise.
Si bon nombre d’employeurs surfent sur la tendance et leur déroulent le tapis rouge, tout est question d’équilibre. Utilisées de concert en recrutement, les savoir-être et les savoir-faire sont des vecteurs de réussite, pour le candidat mais aussi pour l’entreprise.
2. 5 raisons de miser sur les soft skills
a. Pour s'adapter à un monde mouvant
Le numérique, l’automatisation et l’IA ont entraîné une évolution rapide du monde du travail... Et les entreprises attendent désormais de leurs collaborateurs qu’ils évoluent aussi rapidement que leur environnement. Les candidats qui ne cochent pas toutes les cases sur le plan technique ont des chances souvent équivalentes, voire plus élevées, d’être performants sur leur poste s’ils disposent de bonnes facultés d’adaptation. Recruter en misant sur le capital humain, au travers des soft skills, est un défi que les entreprises devront relever pour faire la différence.
b. Pour voir au-delà du sacro-saint diplôme
Certains recruteurs misent encore sur les diplômes ou formations. Mais des alternatives émergent progressivement et placent les savoir-être au cœur du recrutement. De nouvelles approches évaluent le profil du candidat dans son ensemble : entrepreneuriat, projets personnels, visibilité sur les réseaux sociaux, cooptation par des pairs, travail indépendant. Les savoir-faire et compétences demeurent évidemment importants pour évaluer la réussite dans les futurs projets à mener. Mais ce que l’on retient principalement, ce sont les qualités personnelles de ces personnes et leur capacité d’adaptation, leur façon d’aborder l’inconnu. Innovants, audacieux, créatifs, ces profils disposent de soft skills précieuses pour toute entreprise qui saura les identifier et les laisser s’exprimer.
c. Pour faire face à l'obsolescence accélérée des compétences
La maîtrise en continu de nouvelles compétences est un sujet d’avenir pour la fonction RH. C’est aussi un gage d’employabilité pour les candidats. Le rythme d’obsolescence varie selon les métiers : les métiers tech, par exemple, sont en première ligne. Mais ils ne sont pas les seuls concernés : l’obsolescence des compétences entraîne dans son sillage toutes les fonctions. Elle vise essentiellement les compétences techniques : leur durée de vie s’étend entre 12 et 18 mois. Les soft skills sont eux plus durables : ces compétences “douces” reflètent la capacité à s’adapter et s’appliquent donc à tous les projets. Isabelle Rouhan, Présidente du cabinet de recrutement Colibri Talent et co-fondatrice de l’Observatoire des Métiers du Futur, conseille de prioriser l’agilité et la curiosité en recrutement, qu’elle juge incontournables.
d. Pour valoriser la marque employeur
Favoriser les compétences comportementales dans le recrutement permet également de renforcer sa marque employeur. C’est porter un intérêt sincère aux candidats. C’est comprendre ce qui les anime, ce qui les touche. C’est comprendre leur vision du monde professionnel, leur façon d’appréhender les choses. L’intérêt porté aux aptitudes comportementales de vos candidats va vous pousser à creuser plus en profondeur. A avoir plus de considération envers les candidats tout au long du processus de recrutement. De quoi, in fine, améliorer l’expérience candidat et renforcer votre attractivité auprès de vos recrues potentielles.
e. Pour élargir son vivier de candidats
S’intéresser aux soft skills en recrutement, c’est aussi élargir ses horizons. Pourquoi recruter des candidats tout droit sortis d’un moule ? Une entreprise tournée vers les compétences comportementales de ses collaborateurs accueillera des profils divers et variés, des points de vue différents. Et de la différence… naît l’innovation. Quoi de mieux pour booster les performances de l’entreprise ?
Au-delà de la valeur éthique et morale de cette approche, vous accéderez un champ plus vaste de compétences qui serviront la performance de votre entreprise.
3. Comment évaluer les soft skills en recrutement ?
L’évaluation des savoir-être lors d’un recrutement est une démarche qui demande un peu de préparation. Afin de valider l’adéquation avec la culture et les valeurs de l’entreprise, il convient d’identifier en amont les compétences humaines nécessaires aux missions demandées, ainsi que celles qui sont indispensables au sein de votre entreprise.
a. Adaptez votre sourcing
Vous pouvez a minima évoquer les compétences humaines recherchées dès les premières étapes de votre recrutement : dans vos annonces, lors d’un entretien, sur votre site carrière ou vos pages entreprises. En bref, faire savoir quelles qualités vous recherchez. Le candidat pourra se projeter et postuler en connaissance de cause.
En premier lieu, veillez à bien rédiger vos annonces d’emploi pour y faire transparaître les savoir-être indispensables pour ce poste précis. Pour un Chef de Projet, cela pourra concerner la faculté d’adaptation ou la capacité à garder son sang-froid.
En second lieu, valorisez les compétences humaines en phase avec votre ADN. Cette démarche s’inscrit dans la définition de votre marque employeur : qu’est-ce qui vous rend unique ? Quelles valeurs partagent vos employés ? Une fois ces caractéristiques bien définies, prenez soin de faire transparaître les soft skills qui vous sont propres dans tous vos processus RH.
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b. Favorisez la mise en situation
Il ne suffit pas de demander à un candidat s’il est doté d’une qualité. Pour déceler les soft skills, il faut passer par la mise en situation. Proposez par exemple au candidat de décrire un événement passé pour valoriser ses capacités. Quelles ont été ses réactions dans telle situation ? Quelles difficultés a-t-il rencontrées ? Comment y a-t-il fait face ? Qu’a-t-il préféré dans tel projet ? Dans quel mode de management se sent-il le plus à l’aise ?
Les tests de personnalité et autres serious games peuvent également s'ajouter au processus de recrutement pour mieux cerner des savoir-être et des motivations. Il en existe plusieurs, le plus utilisé étant le MBTI qui détermine des profils psychologiques. Vous pouvez aussi vous tourner vers le PAPI ou le SOSIE.
Si un candidat retient votre attention et que vous souhaitez aller plus loin dans l’évaluation de ses compétences comportementales, l’immersion ou une étape de pré-onboarding vous permettront aussi de constater de vos propres yeux les compétences mises en œuvre.
c. Rencontrez le candidat dans un cadre informel
Autre piste pour évaluer les soft skills : rencontrer le candidat en-dehors du bureau. Echanger avec un candidat dans un cadre informel permet de limiter les biais et de réduire les barrières imposées par le cadre professionnel. Le candidat y est souvent plus spontané, plus naturel. Il devient plus aisé d’identifier ses traits de personnalité. Cette expérience de recrutement donnera des réponses à vos interrogations dès les premières minutes : votre candidat semble-t-il déstabilisé par ce cadre ou s’y adapte-t-il facilement ? A-t-il l’air perdu ou plutôt rassuré ? Quelle posture choisit-il ? Plutôt introvertie ? Extravertie ?
Les experts s’accordent à dire que certaines soft skills seront particulièrement précieuses dans les mois et années à venir. L’agilité, le networking, l’humilité, la curiosité : autant d’atouts que chacun pourra développer et valoriser pour maintenir son employabilité. Côté employeur, il ne suffira pas de déceler et de recruter des profils détenant ces qualités. Votre défi sera de créer le cadre et l’accompagnement adapté pour les faire grandir et leur permettre de s’exprimer pleinement. Qu’il s’agisse de formations ou de coaching, l’attention portée aux compétences comportementales sera un élément clé dans l’épanouissement professionnel et une nouvelle bataille inhérente à la guerre des talents.